Jane Eyre, Roman de Charlotte Brontë, publié le 16 Octobre 1847.
Résumé
Jane Eyre est la narratrice du roman qui porte son nom, et elle nous raconte avec simplicité son histoire, à partir de son enfance difficile auprès d’une tante un peu méchante, en passant par sa mise en pension dans un institut religieux et austère, pour arriver à sa vie de jeune femme et d’institutrice. Malmenée pendant toute une partie de sa vie, force est de constater que Jane Eyre garde en elle le feu sacré, celui qui fait vivre et qui donne envie de voyager, de rencontrer des gens, d’aimer. C’est grâce à cela qu’elle se décide à postuler pour un nouveau poste de gouvernante auprès de la jeune Adèle dans un majestueux château vieillissant, Thornfield. Elle y fait la rencontre du maitre des lieux, le brusque et sévère Mr de Rochester.
1- Un(e) héro(ïne) fantastique et ambivalent(e)
Jane Eyre est une héroïne comme on en voit aujourd’hui (alors que le roman sort en 1847, rappelons-le) particulière, juste et toujours droite dans ses bottes. Bien que profondément ancrée dans son époque, elle est décalée, a soif d’idées nouvelles, et est très créative et imaginative. Edouard de Rochester lui fait d’ailleurs remarquer cette ambiguïté à plusieurs reprises :
Savez-vous qu’il y a quelque chose d’étrange en vous ? me dit-il. Vous avez l’air d’une petite nonne, avec vos manières tranquilles, graves et simples, vos yeux généralement baissés, excepté lorsqu’ils sont fixés sur moi, comme maintenant, par exemple ; et quand on vous questionne ou quand on fait devant vous une remarque qui vous force à parler, votre réponse est sinon impertinente, du moins brusque.
Il met en place au propos de Mlle Eyre, tout un jargon faisant référence au monde magique et caché. Il l’appelle la « petite fée », le « lutin », le « personnage de conte » mais il louera aussi son courage, et sa pureté. Un personnage fort se construit, à travers ses propres pensée (puisque c’est Jane qui parle), mais aussi grâce aux réflexions des différents personnages rencontrés, avec en tête de liste : Rochester. L’un ne se construit pas sans l’autre, et même s’il est juste d’admettre que le protagoniste véritable de l’histoire est Jane Eyre, elle ne prendrait jamais cette solidité à nos yeux sans les discours du maitre des lieux, et resterait peut-être même cette « petite nonne » aux « manières tranquilles ».
2- Au delà des apparences et vers la vraie beauté
S’il est bien une leçon que nous apprend le roman, c’est qu’il faut aller au delà des apparences. Mais plus que de dire qu’il faut aimer l’âme et non le corps, il montre comment on peut aimer le corps en aimant l’âme. Jane Eyre à les traits grossiers, ainsi que Mr. de Rochester, elle est petite et maigre, il est large d’épaules et vieux. Et pourtant :
Je m’aperçus que je n’étais plus laide ; mon visage était plein de vie et d’espérance, mes yeux semblaient avoir contemplé une fontaine de joie et emprunté l’éclat à ses ondes transparentes.
Et M. Rochester était-il encore laid à mes yeux ? Non.
Jane Eyre a un point de vue bien précis sur la beauté extérieur. Et bien qu’elle sache reconnaitre cette beauté de la chair, elle lui attribue toujours des caractéristiques de l’âme. Ainsi, une ride sur le front montre un caractère austère, des narines ouvertes indiquent une personne emportée, etc. Un équilibre se forme tout le long du roman entre apparences et caractères, entre forme et fond, le tout orchestré par une narratrice honnête et objective.
3- Une écriture simple et à peine usée
L’écriture est précieuse et d’époque, mais simple et va droit au but. Elle reflète extrêmement bien le caractère et les manières de Jane Eyre. Tout un vocabulaire de l’intérieur est mis en place, décrivant « comme si on y était » les salons, chambres, bibliothèques qui composent le château, et on peut voir évoluer les personnages dans cette maison de poupée écrite, dans leur habitudes, leur rôles, etc. On aura ainsi un aperçu vraiment agréable et ludique de la vie en cette époque, car, bien qu’imaginative, Jane Eyre reste très objectives dans ses descriptions, aussi bien des évènements que des lieux.
Parenthèse sur le film
Jane Eyre, film de Cary Fukunaga, sorti en 2011. Avec Mia Wasikowska et Michael Fassbender (et en prime, il y a Judi Dench).
J’ai vu le film avant de lire le livre, c’est donc lui qui m’a donné envie de le lire. Le rythme est tout retourné, ce qui est un choix propre à une adaptation cinématographique je suppose. Tout est soigné et précis dans ce beau film qui reste très proche du matériaux original, même si du coup, le film devient uniquement un film d’amour assez classique, qui ne montre pas la profondeur de Jane Eyre, et tous les axes de réflexion qu’il offre. Cela dit, on (re)découvre une Mia Wasikowska extraordinaire, qui donne toute son étrange beauté à Jane Eyre, et Michael Fassbender est pas mal non plus en maitre maudit (même si franchement, il est pas moche du tout, genre pas du tout, alors que Edouard est censée un peu l’être quand même. Enfin, on se plaint pas.)
J’ai AIMÉ, Jane Eyre.
Pour finir
C’est un roman très agréable à lire et qui gonfle le cœur ; on est pressé de savoir la suite, mais on se plait à faire durer le plaisir, pour retrouver Thornfield, ses belles pièces éclairées à la bougie, et son maitre chafouin.
Jane Eyre : à lire quand vous voulez remplir votre cœur d’amour vrai et d’éducation religieuse, à la lumière d’une bougie.
2 commentaires sur “Jane Eyre (Charlotte Brontë) : deux héros pour le prix d’un, au delà des apparences et écriture ourlée.”