13 Reasons Why est un roman classé « jeune adulte » écrit par Jay Asher sorti en 2007. Il est connu surtout grâce à la série éponyme sortie sur Netflix en 2017.
Résumé
Clay Jensen (Dylan Minette dans la série) est un lycéen exemplaire, sérieux et un poil nerd. Un soir, il reçoit une boite mystérieuse dans laquelle il trouve toute une série de cassettes à écouter et une carte de la ville marquée à différents endroits. Alors qu’il appuie sur « play » sur le vieux poste de son père, il entend avec effroi la voix de Hannah Baker (Katherine Langford dans la série) commencer à lui parler. Ce qui est étrange, c’est qu’elle s’est suicidée il y a quelques semaines, et qu’elle annonce maintenant que ces cassettes expliquent pourquoi. Clay ne peut plus s’arrêter d’écouter.
Une nuit
Comme Clay, j’ai été totalement happée par ce que nous raconte Hannah. Au contraire de la série qui s’étend sur un laps de temps assez long, ici, c’est un one shot, une seule nuit durant laquelle le lycéen ne peux plus s’arrêter d’écouter. Et ça à été pareil pour moi. J’attendais un chapitre sur lequel je pourrais m’arrêter, ou ce serait « le lendemain, au lycée », mais non, ça n’arrive jamais. Le roman se lit d’une traite, puisque ses évènements se produisent d’une traite. Ce rythme rapide permet de se sentir très proche de Clay qui n’arrive manifestement pas à arrêter d’écouter, comme on n’arrive pas à stopper la lecture.
Forme/rythme
Le Roman est partagé entre l’action (Clay qui fait son pèlerinage et se balade dans la ville), les propos de Clay et ceux de Hannah Baker sur les cassettes. Cela entrecoupe le récit d’une manière totalement originale mais pourtant toujours claire autant visuellement (avec la mise en gras des passages d’Hannah) qu’au niveau de la compréhension. Les souvenirs évoqués par Hannah ne sont pas nécessairement dans un ordre chronologique ou logique, et les pièces du puzzle s’assemblent petit à petit.
Sujet émouvant (et sérieux)
Le livre parle évidemment du suicide, mais surtout de la part de responsabilité que nous pouvons tous avoir en tant que personne gravitant autour de la personne suicidée ou ayant des idées de suicide. Si Hannah pointe du doigt les actions (petites comme grandes) de ses camarades de lycée (et plus si affinité) elle se responsabilise également (reconnaissant facilement ses tords) et n’oublie pas de nuancer certaines de ses accusations, la plupart des gens n’ayant pas agi à dessein de faire du mal à une personne en particulier. Mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Faire du mal n’est pas l’apanage d’Hitler ou de Staline, et nous sommes tous responsable de nos petites actions ou même de nos petites non-actions ; on ne peux jamais percevoir à quel point une personne est profondément déprimée, malheureuse, etc, à l’intérieur ni de quelle manière nos propos ou nos actes pourraient la blesser. Ce qui peut être perçu comme une blague par quelqu’un sera ressenti comme vécu comme une agression par quelqu’un d’autre.
Hannah à été blessée, ça arrive. On ne sait jamais ce qui va nous mettre un coup. On ne connait pas la vie des gens.
13 Reasons Why, la série
La série diffusée sur Netflix dès 2017 (et qui compte aujourd’hui une deuxième saison (alors que le livre n’a qu’un tome)) est un succès. Le jeu d’acteur est poignant, le rythme de la série est prenant (les souvenirs se calquant sur le présent d’une façon déroutante), les images et la musique sont belles, bref c’est une super série. Elle s’affranchit néanmoins de certains éléments du livre et en ajoute d’autres, mais (presque) toujours d’une façon intéressante et pertinente.
Une nuit devient des semaines
Ainsi, l’unique nuit durant laquelle se passe le roman se transforme en plusieurs jours pour la série, et si l’on avait droit aux réactions de Clay uniquement (dans le bouquin), ici sont ajoutées celles d’autres personnages (les élèves, les parents d’Hannah, etc) : la réalité continue de suivre son cours. Il faut aller au lycée, rassurer les parents, faire ses devoirs, et vivre avec l’absence/présence d’Hannah Baker. On voit donc les personnes citées dans les cassettes ainsi que Clay lui-même, réagir en direct live. Cernes sombres, absences non justifiées, disputes et sourires forcés, si chacun des concernés aurait préféré mettre sa culpabilité sous un coussin pour ne plus en entendre parler, Hannah à décidé que, pour une fois, ils n’auraient pas d’autre choix que de la laisser donner sa version (en live et en stéréo !).
Un petit peu trop gnangnandramaticoaméricanoplusbellelavie
Mini Bémol concernant certains passages un peu poussifs qui ajoutent « pour rien » du suspense pas forcément nécessaire (comme Tony qui à l’air suspect pendant tout un moment, Alex qui sous-entend que Clay à beaucoup à se reprocher…) ; et le fait que Clay prenne six plombes à écouter les cassettes est parfois justifié de manière un peu gnangnandramaticoaméricanoplusbellelavie (ce qui n’était pas présent dans le livre). Je trouve que ça dessert le propos de base du livre qui se suffit à lui même, un peu comme s’il ne suffisait pas s’attacher un public et qu’il fallait en rajouter toujours plus.
Hannah dans la série
Je trouve juste et cohérent d’avoir ajouté les parents (Kate Walsh en mère brisée) d’Hannah ainsi que leur incompréhension bouleversante (en vrai, elle est un peu salope la Hannah de pas leur avoir donné les cassettes, ou au moins une version spéciale parents, ou même un lettre (au passage, elle devient la persécutrice en se suicidant d’une manière inconcevable pour eux ne leur laissant ni le droit de réponse, si l’explication du pourquoi)). D’une manière générale, j’ai trouvé Hannah assez souvent impatiente et injuste avec Clay même au début (après on peut l’expliquer avec la dépression potentielle d’Hannah) ne lui laissant vraiment pas de laps de temps pour répondre, comme une QTE impossible à réaliser.
Encore une fois, tu piges pas.
Explique-lui, bon sang ! Elle est parfois même carrément désagréable, lui reprochant son côté geek ou trop sérieux, pas normal. Même si ça tourne toujours en une sorte de compliment détourné, quand on retourne un peu l’affaire, on pourrait imaginer que Clay soit blessé aussi par ses remarques répétitives sur sa façon de s’habiller ou d’être, ce qui place encore une fois Hannah dans le rôle de la persécutrice passive (ce qu’elle reproche aux autres en gros). Bon après, ce sont des broutilles qui si elles m’agacent sur le coup ne m’empêchent pas de bouillonner face aux injustices que vit Hannah au rythme du jeu d’acteur remarquable et émouvant de Katherine Langford.
Clay Jensen
Dans la série, et après avoir eu envie de bazarder les cassettes sans terminer l’écoute funèbre, il décide de devenir le vengeur masqué de Hannah. On comprend qu’il ne peux pas faire autrement que de prendre cette décision d’agir selon ce qu’il pense être la volonté de son amie/connaissance morte. Dans le livre, il se « contente » d’écouter religieusement (et obsessionnellement) les cassettes jusqu’au bout en allant sur presque chaque marqueur de la carte livrée avec la boite. Puis il montre qu’il a compris la leçon de tout cela en allant discuter (insister même) avec une ancienne amie (Skies), malgré les rebuffades répétées de cette dernière (un peu comme Hannah de son vivant) et sa capacité à éviter les gens et les conversations. Donc dans le livre, on a un acte anodin qui pourtant peut sauver une vie. Un effort que l’on peut tous faire a priori. La série nous montre un comportement plus flamboyant mais qui reflète bien la colère profonde que ressent Clay envers ses camarades, les évènements et lui-même. Le soucis, c’est que Clay devient le harceleur en partageant la photo de Taylor (par exemple), créant ainsi un nouvel effet papillon dévastateur de vie ? Cela nous permet en revanche de nous interroger sur le rôle de chacun, sur ce qu’on aurait fait ou sur ce qu’on ferait. Et la colère, le pétage de plomb de Clay sont finalement assez compréhensibles et font partis de du chemin qu’il à besoin de parcourir pour faire le deuil.
Bref,
J’ai AIMÉ 13 Reasons Why la série, et j’ai adoré 13 Reasons Why le livre ! L’expérience est un peu différente en fonction du support, mais c’est à coup sur émouvant et prenant.
2 commentaires sur “13 reasons why : Une nuit, forme/rythme et sujet émouvant + La série”